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Sample translations submitted: 1
French to Spanish: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French Philippe Delerm
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
« Mouiller ses espadrilles »
C’est à peine si le chemin semble mouillé. Sur le coup, on ne sent rien. Le pas reste léger, corde contre terre, avec cet ébranlement du sol sous le pied qui fait le plaisir de marcher en espadrilles. En espadrilles, on est tout juste assez civilisé, pour tutoyer le globe, sans l’appréhension rétive du pied nu méfiant, sans l’excessive assurance du pied trop bien chaussé. En espadrilles, c’est l’été, le monde est souple et chaud, parfois collant sur le goudron fondu. Mais sur le chemin de terre sablonneuse, juste après l’averse, c’est délicieux. Ça sent… les épis de maïs, les tiges de sureau, les feuilles tombées des peupliers -juste ces petites feuilles jaunes d’été paresseuses qui préfèrent dormir au pied de l’arbre. Voilà pour l’odeur blonde. Au-dessus, un parfum plutôt vert sombre, monte des bords de l’eau, avec une touche de menthe sur le fade de la vase. Bien sûr, juste au-dessus des peupliers, le ciel à l’horizon se resserre en gris-mauve, avec cet éloignement des nuages satisfaits qui renoncent à pleuvoir. Le paysage, les odeurs, l’élasticité de la marche : les sensations mêlées restent en équilibre. Mais, peu à peu, c’est le bas qui s’impose : le pied, le pas, le sol semblent tirer à eux le sens de la promenade. Quand on pense que les espadrilles sont mouillées, c’est beaucoup trop tard. La progression est implacable. Cela commence à la frange de la toile : une auréole indécise qui va s’étendre, et révéler tout le rêche du tissu. On croit enfiler des semelles de vent, du lin tellement fin qu’il coupe au bord du pied. Deux flaques traversées, et ce voile aérien devient le grain rugueux d’un sac à pommes de terre. La sensation d’humidité ne serait rien, mais il s’y mêle aussitôt une impression de lourdeur insupportable. La semelle hypocrite rend les armes, après une feinte résistance : c’est d’elle que vient tout le mal, et sa corde nouée se vautre bientôt dans une mouillure compacte, une aqueuse perversité, rien ne respire. Le carénage de caoutchouc fait pitié : à quoi bon protéger d’une nuance de confort moderniste le désastre irrémédiable ? Une espadrille est une espadrille. Trempée, elle pèse de plus en plus lourd, et l’odeur de la vase prend le pas sur celle des peupliers. Le ciel ne menace plus de rien, mais bêtement on est mouillé, l’été s’englue, le sable colle. Et puis, on sait déjà. Les espadrilles ne sèchent jamais tout à fait. Sur l’appui d’une fenêtre ou dans un placard à chaussures, elles se recroquevillent, le nœud de corde s’épanouit en bourre pelucheuse, la toile est lourde pour jamais, l’auréole se fige.
Translation - Spanish Philippe Delerm
El primer sorbo de cerveza y otros pequeños placeres
«Mojar las alpargatas»
El camino apenas parece mojado. En el momento, uno no siente nada. El paso sigue siendo ligero, esparto contra tierra, con esa sacudida de la tierra bajo el pie que crea el placer de andar en alpargatas. En alpargatas, todo es bastante civilizado, para tutear al mundo, sin el temor apático del pie desnudo desconfiado, sin la excesiva seguridad del pie demasiado bien calzado. En alpargatas, es verano, el mundo es flexible y caliente, a veces pegajoso sobre el alquitrán fundido. Pero sobre el camino de tierra arenosa, justo después del aguacero, es delicioso. Sentir… las espigas de maíz, los tallos de saúco, las hojas caídas de los álamos – justamente esas pequeñas hojas amarillas de verano perezosas que prefieren dormir a los pies del árbol. Es ese olor rubio. Por encima, un perfume más bien verde oscuro, sube desde los bordes del agua, con un toque de menta en el insípido del fango. Naturalmente, justo sobre los álamos, el cielo en el horizonte se vuelve gris-malva, con esa lejanía de las nubes satisfechas que renuncian a llover. El paisaje, los olores, la elasticidad de la marcha: las sensaciones mezcladas permanecen en equilibrio. Pero, poco a poco, es lo de abajo lo que se impone: el pie, el paso, la tierra parecen atraer hacia ellos el sentido del paseo. Cuando uno piensa que las alpargatas están mojadas, es demasiado tarde. El avance es inevitable. Esto empieza en la zona de la lona: una aureola indecisa que se va a extender, y revelar todo el áspero del tejido. Uno cree enhebrar las suelas de viento, del lino tan fino que corta en el borde del pie. Atravesar dos charcos, y ese velo ligero se convierte en el grano áspero de un saco de patatas. La sensación de humedad no sería nada, pero ahí mezcla tan pronto una impresión de pesadez insoportable. La hipócrita suela entrega las armas, tras una fingida resistencia: es de ella de donde proviene todo el mal, y su esparto atado se hunde pronto en una mojadura compacta, una acuosa perversidad, nada respira. La carena de caucho causa piedad: ¿de qué sirve proteger una comodidad modernista de un desastre irremediable? Una alpargata es una alpargata. Empapada, pesa cada vez más, y el olor del fango predomina sobre el de los álamos. El cielo ya no amenaza, pero uno está estúpidamente mojado, el verano se enreda, la arena pega. Y después, ya se sabe. Las alpargatas nunca se secan del todo. Sobre el alfeizar de una ventana o en el armario zapatero, se hacen un ovillo, el nudo de esparto se convierte en pelusa afelpada, la lona es pesada para siempre, la aureola se congela.
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Translation education
Master's degree - Universidad Complutense de Madrid
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Translation as a vocation (and profession) and writing as a philosophy of life. I consider myself fortunate to be able to devote my day to day research and writing on such diverse and interesting topics.